Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/207

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contraire, en opposition directe avec une grande loi dont l’existence se manifeste partout. L’avilissement du prix du coton n’est pas non plus une conséquence d’aucun excès dans la quantité produite, comme le lecteur le comprendra pour peu qu’il songe que la quantité produite dans le monde ne représente pas deux livres par tête, tandis que la quantité qui se pourrait consommer ne peut être limitée à dix, ou même vingt livres par tête. D’après quoi, la difficulté évidemment ne gît pas dans l’excès de production, mais dans le déficit de consommation ; et si la cause s’en pouvait découvrir et aussi un remède à y appliquer, le planteur pourrait augmenter sa quantité d’année en année ; — le prix de son coton entrant en hausse soutenue, en même temps que celui du drap irait en baisse, précisément comme nous voyons que c’est le cas pour les chiffons et le papier, les cocons et les soies, la laine et le drap, le lin et la toile.

Plus le prix du blé est élevé, plus grand est le pouvoir du fermier d’acheter du drap, et plus d’argent le planteur pourra obtenir en échange contre une quantité donnée de coton. La tendance de la politique américaine cependant est d’avilir le prix du blé par le monde entier, et comme conséquence nécessaire, de détruire le pouvoir des populations de France et d’Allemagne, de Russie et d’Autriche, d’Angleterre et d’Irlande d’acheter du drap. Le lecteur verra bien que c’est le cas, pour peu qu’il réfléchisse à l’effet que produit aujourd’hui si ostensiblement un surcroît dans l’exportation ; et à celui qui se produirait s’il était possible tout d’un coup de dire qu’à partir de ce moment il n’ira plus de subsistances vers aucun point du globe, — notre pays se décidant à suivre l’avis d’Adam Smith, lorsqu’il enseigne qu’on doit combiner des tonneaux de subsistances avec de la laine, de manière à rendre les deux aptes à voyager à bon marché aux pays lointains. Une telle mesure délivrerait d’un seul coup le marché européen de la pression sous laquelle il est aujourd’hui abaissé, et le prix des subsistances anglaises et irlandaises monterait rapidement, — fournissant stimulant pour une culture plus étendue, et produisant demande du travail avec accroissement des salaires, et sa conséquence, l’accroissement du pouvoir d’acheter le drap. Subsistances et salaires augmenteraient en Allemagne et aussi en France et Russie, en Autriche et en Espagne. L’agriculture recevrait une nouvelle impulsion, le travail