Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/252

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pauvre fut fait plus pauvre et le riche encore plus riche. » À aucune période toutefois, la sujétion à l’influence extérieure ne fut aussi grande qu’aujourd’hui, — la valeur de toute la propriété et la demande pour le travail en étant arrivée à dépendre entièrement des chances et des révolutions de la politique européenne.

Avec le développement de commerce et la création de centres locaux d’action, les villes et les villages acquièrent plus d’indépendance. » Chacun se meut dans sa sphère et conserve sa propre individualité tout en respectant celle des autres. Avec le déclin du commerce, villes et villages tombent de plus en plus dans la dépendance de la cité lointaine, et elle exerce de plus en plus contrôle sur toute leur action. Il y a trente ans, les villes et villages des États-Unis se gouvernaient réellement par eux-mêmes ; aujourd’hui ils sont presque entièrement gouvernés au moyen d’ordres émanés du siège du gouvernement central — l’élection de chaque constable se trouvant rattachée désormais à celle du chef exécutif de l’Union.

Avec le développement d’individualité dans la population et pour les villes, celle du gouvernement central gagne en perfection. Avec le déclin de la première, ce dernier perd de plus en plus l’aptitude de décider par lui-même quel cours donner à son action, ou parmi les moyens à sa disposition, ceux qu’il emploiera pour faire marcher la politique dans la ligne qu’il aura déterminée. À aucune période, le contrôle du gouvernement fédéral sur son propre cours d’action n’a été si complet qu’en 1832, lorsqu’il abandonna volontairement les droits sur le thé, café et autres articles, — laissant le revenu encore assez large pour opérer l’extinction finale de la dette nationale en 1843-45. À aucune l’absence de self-control du pouvoir de se contrôler, résultat de l’extension du pouvoir du trafic, ne fut aussi complète que lorsque, dans la période de 1838 à 1842, le gouvernement fédéral fut réduit à dépendre de l’usage d’un papier-monnaie non remboursable pour les moyens de faire marcher ses opérations. À aucune, la transition du trafic au commerce n’a produit des effets aussi remarquables que lorsque, dans l’automne de 1842, le crédit fédéral se trouva si instantanément restauré. À aucune, le manque d individualité ne fut plus clairement manifesté qu’il l’est au moment actuel où, comme en 1836, il y a un large surcroît de budget dont il ne peut se libérer, qu’au moyen