Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

somme de pouvoir. Combien donc ne faut-il pas plus de pouvoir et de temps pour arrêter une nation qui depuis des années descendait la pente et avec un mouvement constamment accéléré ! Pendant près de sept ans, le peuple des États-Unis avait été déclinant en richesse et en pouvoir, et le premier effet de l’acte passé en 1842 dut être dépensé à modérer la rapidité de la descente, après quoi il fallut imprimer mouvement dans la direction opposée. Qu’il ait répondu à cette impulsion et qu’il y ait eu changement prodigieux, on le voit par l’accroissement considérable qui survint dans la consommation du drap et du fer. Ce fut cet accroissement qui sauva le planteur de sa ruine complète, et pourtant c’est au planteur lui seul que fut dû le changement de politique en 1846, sous lequel la consommation de coton est restée à peu près aussi stationnaire qu’elle l’avait été dans la première période de libre échange, de 1835 à 1842.

§ 15. — Le travailleur profite de toute mesure qui tend à accroître la diversité de la demande pour l’exercice de us facultés. La politique américaine, — tendant, comme elle le fait, à diminuer cette diversité, — est contraire aux intérêts du travailleur.

On dit néanmoins que le travailleur souffre de l’existence du système protecteur. Le grand champ pour l’emploi du travail se devant chercher dans les travaux de la campagne, il est difficile devoir comment l’élévation des prix des produits agricoles pourrait faire autrement que profiter à la généralité des travailleurs dans un pays, où le cas est si général que le cultivateur soit propriétaire de la terre qu’il exploite. Mieux le travailleur sur la ferme est rémunéré de son travail, meilleures seront les offres que lui feront ceux qui ont besoin de ses services à la ville. Ce qui prouve qu’il faut augmenter ces offres, c’est le fait que la consommation augmente si vite dans les périodes protectrices, tandis qu’elle reste stationnaire, si même elle n’est pas rétrograde, dans celle du libre échange. Une autre preuve est le fait que l’immigration augmente dans les premières et décline dans les autres[1]. Elle profite large-

  1. L’immigration des années 1832-33 et 34 atteignit un chiffre plus élevé que celle des dix années précédentes — prouvant ainsi une élévation du prix du travail. Il continua à monter légèrement jusqu’en 1837, après quoi il resta stationnaire sur une moyenne des sept années suivantes. En 1845, il commença de nouveau à monter et continua ainsi jusqu’à atteindre, au bout de cinq ans, un chiffre quatre fois plus fort que celui de la période précédente, et de la période qui suivit immédiatement la déplorable période de 1842. Avant la découverte de l’or californien, il déclina de nouveau, mais pour remonter bientôt à un chiffre plus fort qu’en 1849. D a de nouveau tombé aussi bas qu’il le fut pendant dix ans ; d’où suit qu’il fournit une preuve concluante d’une diminution dans la demande et dans la compensation des services du travailleur.