Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/297

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coton obtienne un bon prix, — et en même temps désire que l’étoffe soit à bon marché ; et s’il adopte les mesures nécessaires pour produire cet effet, il grandira vite en richesse et puissance, et la population gagnera en liberté. Cependant il n’en fait rien, fermant les yeux à ce fait, que ses vues et celles du fabricant lointain sont directement opposées, il poursuit une politique qui empêche le développement de commerce, paralyse la demande de travail, et détruit le pouvoir d’acheter le coton. Il en résulte que tandis que dans le cours naturel des choses le prix de la matière première devrait s’élever et celui des produits manufacturés s’abaisser, il est appelé à donner plus de coton en échange de moins de produits des divers pays avec lesquels il lui faut faire ses échanges. Le producteur de soie obtient plus d’argent pour ses cocons, — le producteur de laine plus pour sa laine, — le mineur plus pour sa houille et son minerai, — le fondeur plus pour son cuivre et son étain, — et pourtant tous ces gens peuvent acheter avec une égale quantité d’or trois fois la quantité de coton qu’auraient obtenue leurs prédécesseurs il y a moins d’un demi-siècle.

La politique du planteur, et cette politique est par lui imposée à tous ses concitoyens. — est celle de l’isolement ; et l’homme solitaire est un esclave de la nature et de son semblable. L’homme, par l’association, devient le maître de la nature et l’égal de son semblable. Il en est de même pour les communautés. Celles dont la politique produit l’isolement pour leur population, — conséquence nécessaire de l’exportation des denrées brutes et de l’épuisement de leurs sols, — deviennent de purs instruments dans les mains de ceux qui cherchent profit à leurs dépens, comme nous avons vu dans le cas de l’Irlande, Inde, Mexique, Turquie, Portugal et autres des nations agricoles, et par conséquent en déclin. C’est aussi le cas pour les États-Unis, comme on le voit par le manque presque complet chez sa population du pouvoir de se diriger soi-même. À un moment elle construit usines et fourneaux et ouvre des mines ; l’instant d’après, elle ferme tout cela, et les hommes sont poussés vers l’Ouest par millions. À la fin le fermier se trouve ruiné et le shérif vend sa propriété ; et la cause de tous ces phénomènes, — qui sont si contraires à un état sain de société, — se trouve dans le fait que le peuple de la Grande-Bretagne a embrassé trop d’affaires de trafic et que le jour du règlement est arrivé, — qu’il a déclaré la