Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/307

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tion, aura à se diviser en portions adaptées aux besoins de centaines de mille de consommateurs. Chacun de ces derniers paye un simple cent, et peut-être alors le subdivise parmi une demi-douzaine d’autres consommateurs, si bien que le coût pour chaque lecteur ne dépasse peut-être pas un cent par semaine, et cependant chacun obtient sa part du travail de tous ceux qui ont concouru à la production.

De tous les phénomènes sociaux, cette série de division, subdivision, composition et recomposition, est le plus remarquable, et néanmoins, — comme il se reproduit si fréquemment, — c’est à peine si on y donne la plus légère attention. Si l’on voulait partager l’exemplaire de journal en question en petits carrés, dont chacun représentât sa portion du travail d’un des individus qui ont contribué à l’œuvre, on aurait à le fractionner en six, huit ou peut-être dix mille morceaux de différentes dimensions, petits et grands, — les premiers, représentant les gens qui ont extrait et fondu les minerais de fer et de plomb dont on a fait les caractères et les presses, et les derniers, représentant les hommes et les enfants qui ont fait la distribution. Toutes nombreuses que soient ces petites bribes d’effort humain, elles sont néanmoins combinées toutes en chaque simple exemplaire, et chaque membre de la communauté peut, — pour la somme insignifiante de cinquante cents par an, — jouir de l’avantage des renseignements qu’il contient ; et tout aussi pleinement que si on les avait recueillis pour lui seul.

Les améliorations dans les modes de transport sont avantageuses à l’homme, mais le service qu’elles rendent, comparé à ce qu’il coûte, est très-petit. Un vaisseau qui vaut de quarante ou cinquante mille dollars, ne peut effectuer d’échanges entre habitants des littoraux opposés de l’Atlantique, pour plus de cinq ou six milles tonnes pesant par an, tandis qu’un haut fourneau qui aura coûté cette somme, opérera la transformation de trente mille tonnes pesant de houille, de minerai, de pierre à chaux, d’aliments et de vêtement en fer ; et pourtant les échanges opérés par son aide ne dépassent pas une valeur d’un à deux cent mille dollars. Comparons cela avec le commerce effectué, en une année, au moyen d’une valeur de cinquante mille dollars en petites pièces blanches représentant une bribe de travail équivalente à trois ou cinq cents, — travail qui, grâce à elles, est rassemblé en un monceau, et puis divisé et