qu’auparavant, — la perte des navires amenant une demande pour ouvrir des mines, construire des hauts fourneaux, des machines et des manufactures, ce qui ferait un marché pour le travail intellectuel et physique, comme on n’en aurait jamais connu jusqu’alors.
Supposons maintenant que les vaisseaux ont été épargnés, et que tout l’or et l’argent, tant monnayé que non monnayé, tant extrait que non extrait de la mine, soit anéanti ; et voyons ce qui en résultera. Le lecteur de journaux, — se trouvant dans l’impossibilité de les payer en bœuf, en beurre, en drap ou en coton, — sera obligé de se priver de cette fourniture usuelle d’intelligence, et le journal cessera de s’imprimer. Les omnibus cesseront de marcher, faute de pièces de six pences, et les lieux de délassement se fermeront faute de shillings. Le commerce entre les hommes sera à bout, sauf pour tout ce qu’il sera possible d’échanger directement, — l’aliment se donnant pour du travail, ou la laine pour du drap. De tels échanges seront en petit nombre, et hommes, femmes, enfants périront par millions, faute de trouver à obtenir subsistance et vêtement en échange de leur service. Des villes comme New-York et Philadelphie, Boston et Baltimore, dont la population se compte aujourd’hui par centaines de mille, présenteront, avant la fin de l’année, des îlots entiers de maisons inoccupées, et l’herbe croîtra dans les rues. On aurait, il est vrai, la ressource de retourner aux usages des temps primitifs, alors que le blé ou le fer, le tabac ou le cuivre constituaient le médium d’échange ; mais, dans de telles circonstances, il ne pourrait exister de société constituée comme aujourd’hui. Il faudrait une livre de fer pour acheter un numéro de la Tribune ou de l’Herald, et cent tonnes de quelqu’une des utilités ci-dessus, pour acheter la provision, pour une semaine, de quelque autre. Il faudrait des tonnes pour payer la nourriture qui se consomme dans un seul restaurant, ou l’amusement que fournit un seul théâtre. Répartir équitablement le blé, le fer, le grain, ou le cuivre parmi les gens qui ont contribué à la production du journal, du repas ou de l’amusement, serait une question impossible à résoudre.
Les métaux précieux sont au corps social ce que l’air atmosphérique est au monde physique. Tous deux fournissent l’instrument de circulation, et la dissolution du corps physique en ses éléments,