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simple place d’échange pour la population de ces pays.[1] D’année en année diminue le rapport des classes productives au chiffre de la population totale et s’accroît le rapport des classes non productives[2], avec affaiblissement correspondant du pouvoir de retenir les produits des mines du Pérou et du Mexique.

L’or de la Californie, nous le savons, ne reste pas à un degré tant soit peu sensible parmi la population de nos États-Unis. Ne touchant le littoral de l’Atlantique que pour être livré aux paquebots qui le portent à la Grande-Bretagne, il rencontre là la production des mines australiennes, — les deux productions réunies montant à plus de cent millions de dollars par année. Toutes deux néanmoins n’y viennent qu’en transit — étant destinées finalement à payer la population du continent de l’Europe qui a fourni les denrées brutes qui ont été converties et exportées, ou les produits achevés qui ont été consommés. Beaucoup va nécessairement à la France, et par la raison que la France aujourd’hui vend de ses produits à la Grande-Bretagne pour près de 350.000.000 francs, tandis qu’elle n’importe d’elle que pour environ 150.000.000. Cet or aussi est appelé à rester en France à cause de l’énorme différence entre les systèmes français et anglais, — le premier étant presque entièrement basé sur l’idée d’exporter les produits du travail français, tandis que l’autre repose sur l’idée d’acheter les subsistances étrangères et les autres matières premières, de les transformer et de les réexporter.

Les rapports de la France avec le reste du monde vont s’agrandissant rapidement, — ses exportations s’étant élevées, dans le court espace de trente ans, de 500.000.000 francs à 1.400.000.000 et ayant fermement maintenu leur caractère commercial.[3] Les manufactures y sont les servantes de l’agriculture ; tandis que dans le Royaume-Uni, elles deviennent d’année en année de plus en plus ses remplaçantes. À une plus faible quantité de coton, de soie, et d’autres denrées brutes des terres lointaines, la France ajoute une quantité considérable de la production de ses fermes, — acquérant ainsi droit non-seulement de recevoir, mais de retenir pour ses propres usages et desseins à peu près toutes les utilités, — or et ar-

  1. Voir précéd. p. 82.
  2. Voir vol. I, p. 435.
  3. Voir précéd., p. 90.