Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/329

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Le changement dans la valeur du travail, conséquence de l’arrêt de circulation qui suivit cette insignifiante exportation de métaux précieux ne peut être évaluée à moins de 500.000.000 dollars par an. Les salaires furent bas, même là où l’on pouvait trouver emploi ; mais une portion considérable du pouvoir-travail du pays fut entièrement perdue et la demande pour le pouvoir intellectuel diminua même plus vite que pour l’effort musculaire. Sur les prix de la terre, des maisons, de l’outillage de toutes sortes, et autres propriétés semblables, la réduction se compta par des milliers de millions de dollars ; et pourtant la différence entre les deux périodes qui finissent en 1833 et en 1842, sous le rapport du mouvement monétaire, ne fut que celle entre un excédant d’importation de 5.000.000 dollars, et un excédant d’exportation de 2.500.000 dollars, ou un total de 7.500.000 dollars par an. On ne peut étudier ces faits sans être frappé de la prodigieuse influence qu’exercent sur les fortunes et les conditions des hommes, les métaux précieux, que le Créateur a destinés à faire avancer l’œuvre d’association parmi l’humanité. Avec un faible excédant d’importation dans la première période, il y eut une ferme tendance à l’égalité de condition entre le pauvre et le riche, le débiteur et le créancier ; tandis qu’avec un léger excédant d’exportation dans la seconde, il y eut une tendance journellement croissante à l’inégalité, — le travailleur pauvre et le débiteur passant de plus en plus sous l’autorité de l’employeur riche et du riche créancier. De tous les instruments fournis pour l’usage de l’homme, il n’en est point qui ait plus de tendance à niveler que celui connu sous le nom de monnaie, et cependant les économistes politiques voudraient persuader au monde que le sentiment agréable qui partout accompagne la connaissance qu’on peut avoir de son afflux, est une preuve d’ignorance, et que tout ce qui a trait à la question de balance favorable ou défavorable du négoce, est au-dessous de la dignité d’hommes ayant le sentiment qu’ils suivent les traces de Hume et d’Adam Smith. Il serait pourtant aussi difficile de trouver dans le monde un seul pays prospère qui, d’année en année, ne se fasse pas un plus fort chaland pour les pays producteurs d’or, qu’il le serait de trouver en Europe un seul pays prospère aussi qui ne se fasse pas un meilleur chaland pour ceux qui produisent la soie ou le coton. Pour être un chaland progressif, il faut avoir en sa faveur une balance fermement croissante du né-