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c’était d’étendre à tous autres particuliers, désireux de s’associer pour le négoce de monnaie, la faculté d’exercer des droits semblables à ceux accordés aux propriétaires de la Banque d’Angleterre. On ne le fit pas ; et il s’en est suivi qu’une institution capable de rendre tant de services à l’humanité a produit un si énorme préjudice.

De son histoire, il nous suffira de dire qu’au début de sa fondation, la jouissance de privilèges exclusifs ne lui était point assurée. Par degrés, cependant, son capital nominal fut augmenté, jusqu’à ce que, en 1708, il fut porté au triple ; en même temps que son influence s’était accrue au point de lui permettre d’obtenir du parlement un acte qui interdisait l’application du principe d’association dans le négoce de monnaie, dans tout cas où les partenaires seraient au nombre de plus de six. C’était centraliser le pouvoir au grand avantage de quelques actionnaires, — avec préjudice correspondant, cependant, pour le reste de la population anglaise, chacun se trouvant ainsi dépouillé du droit de décider par soi-même de son mode d’action au sujet du maniement du plus important des instruments d’échange en usage chez l’humanité. Les moyens d’autorité sur la circulation ainsi assurés, les dividendes, nonobstant l’enfouissement du capital nominal dans une annuité au taux de trois pour cent, s’élevèrent par degrés jusqu’au moins dix pour cent, — la différence tout entière s’obtenant en faisant du crédit tel usage qui pût faire croire le montant apparent à la disposition de la communauté beaucoup plus considérable que n’était le montant réel.

§ 3. — Mouvements de la banque de 1797 à 1815.

Négociant ainsi tout à fait sur son passif, et sauf ses excédants de profit, n’employant point de capital à elle en propre, pour mieux faire comprendre les mouvements de la banque, nous placerons — dans le résumé suivant de ses opérations pour les dernières soixante années, — à l’article doit, le montant de sa circulation et des crédits sur ses livres, et, en regard, la quantité de métal dans ses caves, — cette dernière représentant le montant total de capital qu’elle a emprunté et qu’elle n’a point prêté.

Au 3 août 1796, le montant de sa dette était 15.903.110 liv. — Le tout avait trouvé placement, sauf la petite somme de 2.122.950 liv. Peu après, diverses circonstances survinrent, tendant à diminuer la confiance dans l’institution ; et, en février suivant, alors