Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/462

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Malheureusement pour notre auteur et pour la masse des économistes qui ont marché sur ses traces, les faits sont exactement l’inverse de ce qu’on prétend ici qu’ils sont, — le prix des utilités achevées ayant fermement diminué à mesure que la monnaie est devenue de plus en plus abondante. Le montant de métaux précieux qui circulent en France a plus que doublé dans le dernier demi-siècle — avec augmentation correspondante de la quantité de vêtements, de subsistances et de nécessités et convenances de la vie généralement, qu’on peut obtenir en échange contre une quantité donnée de monnaie. Le blé a haussé et ainsi ont fait les autres denrées brutes ; mais l’agriculture s’est améliorée au point que tous les produits d’une plus haute culture ont été mis à la portée du travailleur vulgaire. Terre et travail ont gagné en prix, tandis que les utilités consommées par le travailleur ont baissé au point de lui permettre de jouir d’une somme de confort qu’on n’aurait pas imaginée dans les jours où le passage a été écrit. Telle aussi la marche des choses dans chaque pays du monde vers lesquels la monnaie a coulé, comme on le voit pour l’Angleterre, la Belgique, le Danemark, et l’Allemagne et pour les États-Unis chaque fois que leur politique a tendu à produire accroissement de l’approvisionnement de ces métaux qui constituent l’instrument d’association ; tandis qu’on observe directement l’inverse en Irlande, Turquie, Inde, et dans tous ces autres pays où l’approvisionnement de monnaie a diminué. Chez eux tous les prix de la terre et du travail ont tombé, tandis que s’est augmentée la difficulté d’obtenir drap, fer et les autres nécessités de la vie. La théorie et les faits sont ainsi directement en guerre.

§ 2. — Cette observation lui a échappé : qu’en même temps que l’augmentation de la quantité de monnaie élève les prix des denrées brutes, elle abaisse ceux des produits achevés.

Le surcroît d’approvisionnement des métaux précieux, nous affirme M. Hume, est « une cause de perte pour une nation dans son commerce avec les étrangers, parce qu’ils élèvent le prix du travail et ceux des marchandises, » obligeant chacun de payer un plus grand nombre, que parle passé, de ces petites pièces blanches et jaunes. »

C’est néanmoins dans ces pays où la quantité augmente que les prix des matières brutes et ceux des utilités achevées tendent le plus à se rapprocher, — permettant à l’homme qui sème le blé et fait venir la laine, de consommer plus de subsistances et de vêtement. Les commodités achevées étant à bon marché, l’or, le sucre,