Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/477

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contenue dans cette sentence. De tous les capitaux, le plus périssable est le travail, qui se produit à chaque instant et qui périt à l’instant même s’il ne trouve un emploi reproductif. Pour produire ce pouvoir-travail, il faut consommation d’aliments, et quand le pouvoir est non employé cet aliment est à déduire du capital du pays. Le premier effet d’une diminution de la quantité de monnaie se fait sentir par une grande déperdition de travail, suite d’une diminution du pouvoir de combinaison d’effort ; et le premier effet d’un accroissement dans la quantité se fait sentir par la demande accrue du travail, suite d’un accroissement du pouvoir de combinaison, — toutes choses dont les États-Unis ont fourni la preuve répétée. La diminution de quantité, longtemps soutenue, amène paralysie, comme ce fut le cas en 1842. L’accroissement soutenu amène activité aussi grande que celle qu’à connue le pays dans les quelques années qui finissent en 1835 et celles qui finissent en 1847. Dans ces périodes, la politique du pays tendit à favoriser l’association ; tandis qu’elle tend aujourd’hui à la réprimer, et à l’exportation des métaux précieux qui en est la conséquence.

Cherchons-nous vers quels pays l’or exporté a si rapide tendance ; nous trouvons que c’est vers la France, la Belgique et l’Allemagne, dont la politique est aujourd’hui la même que celle des États-Unis dans les susdites périodes de prospérité. Quant aux pays desquels les métaux précieux s’écoulent régulièrement, nous trouvons que leur politique est la même que celle des États-Unis dans les périodes calamiteuses qui précèdent les tarifs protecteurs de 1824 et 1842. Les mêmes causes engendrent toujours les mêmes effets. La centralisation de manufactures ayant tendu à produire un flux constant des métaux précieux vers la Grande-Bretagne — pour y changer de forme et servir aux mille usages auxquels ils s’adaptent si bien, — les pays qui ont résisté à un système si préjudiciable, sont aujourd’hui les seuls à avoir en leur faveur une balance du négoce, qui leur permette d’obtenir et de retenir les quantités d’or nécessaires à leurs opérations. Dans eux tous, terre et travail gagnent du prix ; tandis que dans ceux qui suivent le conseil du Dr Smith, ce prix s’avilit rapidement, en même temps que le peuple va perdant constamment dans l’estime du monde.

§ 10. — Condition pauvre des pays qui suivent la voie de Hume et de Smith.

Selon le Dr Smith, rien ne serait plus absurde que la doctrine entière de la balance de négoce. « Une nation, dit-il, peut importer