Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/493

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aux autres nations qu’il est absurde de s’occuper de la question : si leur politique doit, ou non, tendre à les mettre à même de devenir de bons clients pour les gens qui produisent les métaux précieux. Dans ces deux pays, le négoce de monnaie est placé sous l’autorité d’institutions colossales qui tiennent sous serrures dans leurs caves de milliers de millions en espèces, comme moyen de préparer des crises qu’ils produisent infailliblement. Dans les deux, le pouvoir d’association et de combinaison est par là diminué, avec diminution correspondante de la production et du pouvoir d’achat, — les deux pays dont les docteurs aspirent le plus à éclairer le monde sur les avantages de la liberté complète du négoce, donnant ainsi l’exemple du monopole absolu au sujet d’une utilité qui, entre toutes, est l’agent le plus important du développement de commerce. Comme il a pour résultat infaillible des révulsions fréquentes et désastreuses qui affectent la valeur de la terre et du travail dans le monde entier, les autres communautés se trouvent forcées d’adopter des mesures de protection contre leurs conséquences.

Les doctrines de M. Bastiat étant complètement contraires à l’idée de toute harmonie d’intérêts entre les pays qui produisent et ceux qui ne produisent pas l’or et l’argent, il peut suffire de cette unique raison pour que nous n’hésitions pas à les répudier, — car il y a harmonie parfaite des intérêts véritables tant des hommes que des nations.

§ 18. — M. Chevalier. Il tient que la monnaie est indispensable à l’homme et pourtant il estime à désavantage l’augmentation de la quantité.

Dans un récent ouvrage, M. Chevalier dit : « que la monnaie est indispensable à l’homme du moment qu’il vit en société, » — et que « l’or et l’argent ont été choisis de toute antiquité, par une sorte d’assentiment universel, pour remplir les fonctions de monnaie » — comme satisfaisant plus qu’aucune autre utilité aux conditions requises pour un médium d’échange. Il pose donc comme un principe qu’il en est des métaux précieux comme de toutes autres marchandises ou objets utiles à l’homme ; « la diminution de leur coût de production tend à faire avancer la civilisation. » La seule forme cependant sous laquelle ces avantages se manifesteraient serait « la facilité accrue d’obtenir des ornements et ustensiles d’or et d’argent ou plaqués de ces métaux. »

Dans toutes les transactions de la vie, il faudrait donner plus de monnaie pour la même utilité, — les prix de toutes les choses ayant