Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait, que la France consacre aujourd’hui plus de cent mille acres de terre à la culture de la betterave, ce qui donne un produit en sucre de 60 ou 70 millions de francs (soit 12 ou 14 millions de dollars) ; et l’on peut le fournir à si bon marché que le sucre des colonies se trouve aujourd’hui forcé d’implorer la protection contre la fabrication à l’intérieur[1].

En 1812, le total des cocons de soie produits, n’excédait guère 5 millions de kilogrammes ; aujourd’hui il dépasse 25 millions, ayant une valeur de cent millions de francs (soit 20 millions de dollars).

La France possède maintenant 32 millions de moutons, au lieu de 27 millions qu’elle possédait en 1813, et de 20 millions en 1789[2]. Mais, le progrès de la qualité a été bien plus considérable que celui de la quantité, les demandes résultant du développement constamment croissant des fabriques d’étoffes de laine, ont offert une large prime à ceux qui ont consacré leur temps, leur intelligence et leurs moyens pécuniaires à l’amélioration de la race ovine.

Le prix du drap a constamment baissé, tandis que celui de la laine a haussé considérablement ; et le blé, qui il y a un siècle, ne trouvait à se vendre que 12 francs et demi, valait 90 francs dans la période expirant en 1840. Les prix des matières premières et des produits terminés, se rapprochent constamment l’un de l’autre, fournissant ainsi la preuve la plus solide des progrès de la civilisation. On aperçoit les conséquences de l’accroissement de la quantité et du prix, dans ce fait, que : tandis qu’il y a quatre-vingts ans, la valeur moyenne, en argent, du produit d’une acre de terre était de 87 fr. 1/2, cette valeur, depuis cette époque, s’est élevée à un chiffre qui n’est pas moindre que 237 fr., ayant ainsi presque triplé[3].

  1. Lavergne. Journal des Économistes, mars 1856.
  2. Moreau de Jonnès. Statistique de l’Agriculture en France, page 441.
  3. Ibid. p. 94. « Tous ceux d’entre nous qui ont quarante ans ont vu une diminution sensible dans les prix des légumes de jardin, des fruits de toute espèce, des fleurs, etc., dans ceux de la plupart des graines oléagineuses et des plantes employées dans les manufactures. Quelques-uns de nos légumes, tels, par exemple, que la betterave, la carotte, les haricots et les pois, sont devenus tellement communs qu’on les emploie à nourrir le bétail. (De Fontenay. Du revenu foncier, p. 86.)
      Au premier coup d’œil, ceci peut sembler en opposition avec l’idée générale de la tendance graduelle à l’accroissement dans le pouvoir des produits de la terre, de pouvoir trouver de l’argent en échange, mais lorsqu’on examine les choses, la dif-