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Avant d’entamer l’examen des présents chiffres, peut-être il convient d’appeler l’attention du lecteur sur l’idée que ceux qui fournissent la nourriture, le vêtement et le logement fournissent en fait le travail. Une locomotive n’est qu’un instrument au moyen duquel la force fournie par la consommation de combustible est mise au service des desseins de l’homme. C’est de même pour les hommes. Leur pouvoir quotidien de travail résulte de leur consommation quotidienne d’aliment ; d’où il suit que ceux qui fournissent la nourriture et le vêtement sont réellement les parties qui fournissent le pouvoir mis en œuvre. Ceci entendu, nous pouvons maintenant chercher quel chiffre de la population d’Angleterre se trouve nourri par les nations agricoles du monde, recherche préparatoire pour celle du chiffre employé à faire l’ouvrage de cette population.

Divisés entre quatre millions d’individus, les articles de subsistances mentionnés ci-dessus donneraient pour chaque tête :

1.100 livres de grain
150 de farine.
12 de viande fraîche.
16 de viande salée.
18 de pommes de terre.
20 de beurre et fromage.
12 de riz.
26 d’œufs,
et demi-gallon de spiritueux.

Cela étant plus que la consommation moyenne des hommes, femmes et enfants employés dans les usines de la Grande-Bretagne, on peut hardiment affirmer que le monde fournit quatre millions de travailleurs avec nourriture et vêtement, et aussi avec abri, puisque, la plus grande partie de la charpente consommée ici se tire du dehors[1]

  1. La population employée dans les usines à coton se lève à cinq heures du matin, travaille à l’atelier de six heures à huit, et retourne au logis pour déjeuner, c’est une demi-heure ou quarante minutes pour ce repas qui se compose généralement de thé ou de café et d’un peu de pain, quelquefois une bouillie d’avoine, surtout pour les hommes ; mais le stimulant du thé obtient la préférence, surtout chez les femmes. Le thé est toujours de qualité mauvaise et quelquefois délétère, l’infusion est faible, avec peu ou même point de lait. Les ouvriers rentrent à l’atelier jusqu’à midi, on a alors une heure pour le dîner. Pour ceux qui gagnent le moins, ce repas consiste généralement en pommes de terre bouillies. La masse des pommes de terre est placée dans un grand plat, on verse dessus du lard fondu et du beurre, quelquefois on y mêle des bribes de jambon frit, et plus rarement encore un morceau