CHAPITRE XXXVIII.
DE LA PRODUCTION ET DE LA CONSOMMATION.
En se faisant un arc, Crusoé soumet à son service la force d’élasticité, une grande force qui existe à perpétuité dans la nature, et toujours prête à se livrer aux mains de l’homme. Son canot lui soumet une autre force importante, le pouvoir que l’eau possède de porter ; la voile qu’il ajuste lui livre une troisième force, le pouvoir que le vent possède de pousser en avant. Chaque force qu’il ajoute à la sienne ajoute à ses moyens de subsistances tout en lui épargnant du travail. Plus tard, nous le voyons se servir de son bâton pour creuser des trous dans le sol afin de sa procurer l’assistance de certaines propriétés de la terre et de l’atmosphère ; et voici que la terre lui rend cinq, dix et même quinze grains en échange d’un seul grain qu’il lui avait confié.
Ces grains, dans l’état où il les obtient, lui laissent à désirer ; ce n’est point encore un aliment pour l’homme. Pour qu’ils le deviennent ils devront d’abord être convertis en farine, et pour ce faire, il appelle à son service une autre force de la nature, celle de la pesanteur. Cependant il n’a point encore produit l’objet cherché,