Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suite de M. Ricardo, M. Mac Culloch prétend qu’à mesure que la puissance productive du travail décroît, la rente s’accroît, le propriétaire recevant beaucoup lorsque la production est faible, quoiqu’il reçoive peu lorsqu’elle est abondante. La quote-part du travailleur, selon cette théorie, va constamment en décroissant. Cependant, comme les faits donnent un démenti complet, — puisque la quote-part du travailleur, chez toutes les nations en progrès, va croissant régulièrement, — on met cela sur le compte de la nécessité.

« Il est clair que la fertilité décroissante des terrains auxquels doit avoir recours toute société en progrès, ne se bornera pas, comme nous l’avons déjà remarqué, à diminuer la quantité de produits à répartir entre les profits et le salaire, mais qu’elle augmentera également la proportion de ces produits qui doit former la part du travailleur. Il est tout à fait impossible qu’il y ait continuation d’augmentation du prix des produits bruts, qui forment la partie principale de la subsistance des pauvres, en forçant le rendement des bonnes terres, ou mettant les mauvaises en culture, sans qu’il y ait augmentation de salaire[1]. »

Voici donc la proportion du travailleur qui s’accroît en vertu de la même loi qui fait en même temps qu’elle décroît. Plus diminue le fond sur lequel les deux parties doivent être payées, et plus s’accroît la quote-part qui échoit à chacune.

§ 10. — Effet qu’exerce sur le taux d’intérêt la quantité d’espèces métalliques. Erreurs de M. Hume.

« Rien n’est regardé, dit Hume dans son Essai sur l’intérêt, comme un signe plus certain de l’état florissant d’une nation que le faible taux de l’intérêt, et avec raison — bien que dans mon opinion, ajoute-t-il, la cause ne soit pas précisément celle que l’on assigne communément. Le faible taux d’intérêt s’attribue généralement à l’abondance de l’argent. Mais l’argent, quoique abondant, n’a pas d’autre effet, s’il est placé, que d’élever le prix du travail… Les prix ont quadruplé depuis la découverte des Indes, et il est probable que l’or et l’argent se sont multipliés beaucoup davantage, mais l’intérêt n’a pas baissé de plus de moitié. Le taux de l’intérêt ne dérive donc pas de la quantité des métaux précieux. »

L’effet ici attribué à la quantité accrue d’argent est parfaitement exact. — Elle élève non-seulement le prix du travail, mais aussi celui

  1. Mac Culloch. Principles of Political Economy.