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En Turquie, nous avons une reproduction du système de la France au moyen âge. L’impôt n’est aucunement basé sur ce que peut valoir la terre, il repose sur l’habileté de collecter et de ses agents pour extorquer, au cultivateur, le plus possible de sa production. De ce peu qui échappe à leurs griffes il ne reste qu’une faible portion à ce misérable dont le travail a donné cette production, il faut que l’autre portion aille acheter quelque part au dehors les utilités qu’il ne peut produire chez lui. Si nous ajoutons à cela, l’adultération des monnaies qui va constamment empirant, nous avons une taxation sur les biens meubles si écrasant qu’on peut tenir pour certain que la terre et le travail manquant totalement d’une valeur qui puisse être soumise à un impôt direct.

Dans la Sicile, jadis le grenier de Rome, nous avons vu que la terre s’est consolidée et a perdu sa valeur, il en résulte que la taxation s’attache à saisir au passage la propriété qui cherche à se mouvoir, — elle pèse lourdement sur les grains dans son trajet vers les consommateurs en dehors de l’île, et elle exige 50 % à l’intérieur pour le grain qui prend la forme de pain.

Dans l’Inde, nous trouvons une population de 120 millions d’âmes avec un gouvernement dont le revenu provient tout entier de taxes levées sur les biens meubles. La terre n’y paye point d’impôts. La part du gouvernement se prélève dans les produits, et le montant de cette part dépend entièrement du degré de soin, d’habileté et d’industrie de l’occupant. Un impôt direct s’assied sur la valeur de la terre et s’y proportionne ; il reste le même que la récolte soit forte ou faible. Le travailleur assidu qui parvient à obtenir de son petit champ deux fois autant que rend le champ plus grand de son voisin jouit de ce surcroît de fruits de son extra de travail sans rien acquitter de plus à l’impôt. Les taxes de l’Indoustan, au contraire, se rapportent aux qualités de l’homme, — elles produisent plus ou moins, selon que le malheureux cultivateur a travaillé ou s’est dissipé. C’est exactement ce qui a lieu dans la Caroline. Si l’esclave a bien travaillé, le maître qui est dans la position du gouvernement anglais obtient un bon rendement d’un petit champ. Si l’esclave n’a pas fait sa tâche, le maître ob-

    inventé et où l’impôt sur les biens de main-morte a été imaginé un siècle avant d’avoir été introduit parmi nous.