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plus vite vers la civilisation ; nulle part conséquemment la tendance à substituer des payements déterminés pour l’usage de la terre au propriétaire et an gouvernement n’a fait des pas plus rapides, accompagnée nécessairement de la tendance à l’abaissement du rapport des taxes à la production. Les revenus des bourgs et des villes proviennent tous de taxes sur la propriété ; on part du principe de s’abstenir de toute intervention dans le trajet de la propriété du producteur au consommateur[1].

Il en est ainsi en Allemagne, — le grand accroissement de productivité du travail et de la valeur de la terre y est accompagné d’une tendance décidée à substituer l’impôt fixe et déterminé, à ces modes d’intervenir dans le mouvement sociétaire connus sous le nom « de taxes sur la consommation[2]. »

Il en est de même pour la Russie, — la tendance y existe à limiter la proportion du service personnel dû tant au propriétaire qu’au gouvernement pour l’usage de la terre et à substituer des

  1. Dictionnaire de l’Économie politique, article Octrois. (Cela est inexact et n’est pas dans l’article.) Note du traducteur.
  2. « Le paysan allemand, aujourd’hui propriétaire de son petit champ, regarde la terre comme faite pour lui et pour ses semblables. Il se sent homme. Il a son enjeu dans le pays tout aussi bien que celui de la masse de ses voisins. Personne ne peut le menacer de l’expulsion ou de la maison de travail, du moment qu’il est actif et économe. Sa démarche en a pris de l’assurance. Il vous regarde en face comme peut le faire un homme libre, et cependant avec respect. » Howitt. Rural and Domestic Life in Germany, p. 27.
      Un autre voyageur anglais a fort bien décrit ce sentiment, résultat de la sécurité qui se produit sans l’aide des gouvernements.
      Chaque paysan qui possède un champ devient intéressé au maintien de l’ordre public, à la tranquillité du pays, à la suppression des crimes, à ce que ses enfants deviennent industrieux, à ce que leur intelligence se développe. Une classe de paysans propriétaires forme la plus puissante de toutes les classes conservatrices... Pendant toute l’excitation des révolutions de 1848, les paysans propriétaires de la France, de l’Allemagne, de la Suisse, de la Hollande, se sont montrés presque en totalité partisans de l’ordre et opposés aux excès révolutionnaires. Ce n’est que dans les provinces où la terre est possédée par les nobles et où les paysans ne sont que serfs, comme dans les provinces de la Pologne, de la Bohême, de l’Autriche et quelques parties de l’Allemagne méridionale, qu’ils se sont mis en révolte. En Prusse, ils envoyèrent députation sur députation à Frédéric-Guillaume pour l’assurer de leur appui. Dans une province, les paysans propriétaires ont choisi son fils pour leur représentant. Dans d’autres ils ont déclaré, dans des pétitions sur pétitions à la chambre et par le résultat des élections, qu’ils étaient opposés au parti monarchique de Berlin. » Kay. Social condition of the People of England and of Europe, vol. I p. 33, 273.