dépenses, tandis que le paupérisme marche à pas de géant[1]. La Prusse paye à ses ministres d’État 7.500 dollars, — et donne de l’éducation à sa population ; mais sa politique tend au commerce et à la taxation directe. L’Angleterre rémunère ses chanceliers et ses évêques par des traitements de 10 et de 20 mille livres sterling ; mais sa politique tend au trafic et à la taxation indirecte. Elle récompense ses généraux par le don de propriétés qui coûtent des centaines de mille livres, tandis que la masse du peuple ne sait ni lire ni écrire. L’Inde doit solder ses fonctionnaires à un taux qui dépasse de beaucoup tout ce qu’on voit ailleurs ; tandis que ceux qui payent meurent de faim ou faute de vêtements. La France taxe le sel du pauvre et force son fils de servir militairement pendant des années, moyennant un salaire purement nominal, — tandis qu’elle met ses généraux, ses ministres, ses financiers, en position d’amasser d’énormes fortunes.
La France du siècle dernier avait les pays d’états et les pays d’élection, — ceux qui ont conservé et ceux qui ont perdu le droit de s’imposer eux-mêmes, — c’était la même différence que celle que nous rencontrons aujourd’hui, quand nous passons de ceux de nos comtés dont la politique tend au développement du commerce, à ceux où elle vise au trafic. Dans le Languedoc, un pays d’états, — où la taille portait tout entière sur la propriété foncière, non-seulement chacun connaissait par avance ce qu’il avait à payer, mais il avait aussi le droit de demander une comparaison de sa cote avec celle de tout autre habitant de la paroisse qu’il était libre de choisir, a Et c’est précisément ainsi, ajoute M. de Tocqueville, que l’on procède aujourd’hui[2]. »
Il en résultait que l’argent se dépensait largement pour des travaux d’utilité publique. — La dépense annuelle de la province, justement avant l’ouverture de la Révolution, s’était élevée pour cet article jusqu’à 7 millions de livres tournois. Le gouvernement centra] ayant exprimé du mécontentement à ce sujet, la province mentionna avec orgueil ses routes, qui toutes avaient été construites