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contre le capital concurrent des autres pays, » et produisant cette concurrence pour la vente de la terre et du travail qui mine lé propriétaire et asservit le travailleur[1].

La combinaison d’action est nécessaire pour résister à l’invasion d’une armée. Elle l’est également pour résister au système dont nous parlons. L’armée, après qu’elle a pillé, fait retraite, et il suffit d’un certain temps pour qu’on se retrouve dans la condition première. Les invasions de trafiquants qui visent à anéantir le pouvoir d’association ont des effets plus durables, — elles réduisent un pays à un état de barbarie dont il a peu d’espoir de sortir.

§ 9. — La liberté de commerce s’accroit dans les pays qui ont adopté des mesures de protection contre le système anglais.

La liberté du commerce a fait, comme nous l’avons dit, de grands progrès ; à quoi sont-ils dus ? Il y a quarante ans, l’acte de navigation de l’Angleterre était encore en pleine vigueur. — Il avait pour objet de prévenir la concurrence pour l’achat et le transport des matières premières de la terre. Il a cessé d’exister. Pourquoi ? Par suite de l’opposition bien arrêtée des États-Unis, de la Prusse et d’autres pays. Il y a quarante ans, l’Allemagne exportait de la laine et importait du drap, — payant douze cents par livre pour le privilège de le faire passer par les métiers anglais. Cette charge ne pèse plus sur elle. Pourquoi ? Parce que l’Allemagne s’est mise à faire concurrence à l’Angleterre pour l’achat de la laine. À cette époque, le coton et toutes les matières premières payaient un droit, mais comme, peu à peu, la France, l’Allemagne, la Russie, les États-Unis et d’autres pays se sont mis à faire concurrence par leur achat, les droits ont disparu. Chacun de ces grands pas vers l’émancipation du commerce international

  1. Pour le document parlementaire où ces idées se trouvent exposées au long, voy. précéd., vol. I, p. 429. « Dans le cours de cette année, les prix du fer en Amérique ont constamment baissé ; les fers de première qualité ont subi une baisse de 5 dollars, les qualités inférieures de 7 à 10 dans l’année. Dans les trois années dernières, la fabrication du fer, en Amérique, s’est considérablement accrue. De 1853 à 1855, elle aurait, dit-on, presque doublé, elle aurait monté de 500.000 tonneaux à 1 million, et depuis lors l’accroissement aurait été de 200.000 tonneaux par année… D’après ces faits, quelques personnes intéressées dans ce commerce, ont conclu qu’il serait sage aux fabricants de fer de Straffordshire, la semaine prochaine, d’abaisser leurs prix de 2 liv. par tonne, afin de regagner la suprématie sur le marché américain et d’expulser les concurrents qui supplantent le fer anglais dans les États-Unis. Nul doute que si la réduction du prix du fer sur cette échelle peut se prolonger quelque temps, elle ne ruine la plupart des fabriques américaines et n’ouvre un jour la voie à une large demande du fer anglais. » — London Mining Journal, déc. 1856.