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les décès étaient 1 sur 46, — contre 1 sur 41, en 1815, — 1 sur 37, en 1820, — 1 sur 34, en 1825, et 1 sur 28 et demi, en 1855[1].

Pour les nouveaux États, nous n’avons pas de statistiques ; mais ce fait général se présente de lui-même : que des gens qui sont chassés par une politique fâcheuse, et contraints de commencer trop tôt le travail d’établissement, s’adonnent constamment à cultiver les riches sols avant d’y avoir réalisé les conditions requises pour que la santé et la vie ne soient pas en danger. Les maladies et la mort sont les conséquences nécessaires. Le système qui encombre les villes aux dépens de la vie produit le même effet dans l’Ouest.

À mesure que les hommes gagnent en aptitude à marcher ensemble et à combiner leurs efforts, la vie gagne en durée et tous gagnent en liberté. Sont-ils forcés de se séparer, la vie se raccourcit, le travailleur perd en liberté. Que l’Amérique soit dans cette dernière voie, et qu’elle s’y soit plus décidément engagée dans la période écoulée depuis que le parti généralement dominant dans l’Union a adopté le libre-échange et la politique de dispersion, cela ne peut faire aucun doute. Aussi, voyons-nous d’année en année l’accroissement du paupérisme, de l’intempérance, de l’immoralité, fournir une nouvelle et plus forte évidence à l’appui de la doctrine sur l’excès de population[2].

§ 8. — La fonction reproductive n’est pas une quantité constante. Elle s’adapte aux différentes conditions de race. Preuve qu’il existe dans la nature harmonie entre le taux de procréation et les subsistances. Prédominance générale des fonctions de nutrition et sexuelles. Antagonisme des instincts animaux et des facultés supérieures. Opposition spéciale entre les fonctions nerveuses et sexuelles. Fécondité chez les êtres sans valeur d’une civilisation imparfaite. Infécondité chez les tribus de chasseurs. Activité des freins intellectuels à la procréation. Les pouvoirs cérébral et générateur chez l’homme mûrissent ensemble. Fécondité en raison inverse de l’organisation. Faits que fournit la physiologie. Pouvoir cérébral de la femme affaibli par la fonction utérine. Effets divers des diverses qualités mentales et morales. Rapport de la fécondité à la mortalité. Une loi de population s’adaptant d’elle-même assure l’harmonie entre l’augmentation de population et celle des subsistances. Changements futurs dans le rapport de procréation tendant à développer le plus haut bien-être de la race.

L’obligation du célibat, nous assure-t-on, est souvent nuisible à la santé. C’est pourtant là ce que nous recommandent si librement, sous le nom de contrainte morale, les enseignants qui tiennent que le Créateur a si mal construit les lois auxquelles il a soumis l’homme que sa créature doive employer tous ses efforts pour les redresser. Ce genre de contrainte sur la reproduction de l’espèce diffère beaucoup de cette autre contrainte qui prend sa source dans le développement de l’homme, dans l’accroissement de son respect de lui-même, — dans l’accroissement du sentiment de responsabilité envers sa famille, envers ses sem

  1. Cet accroissement extraordinaire est dû en grande partie à l’immigration. — La moyenne des décès étrangers est d’environ 30  %, et parfois s’élève à 35  % de la totalité. Dans les dix ans qui ont précédé 1856, on a compté 64.934 décès d’immigrants.
  2. Le nombre des pauvres assistés dans l’État de New-York en 1837 approchait de 180.000, dont 81.000 étrangers, 2.320 fous, 531 idiots et 55 sourds-muets.