— « Amelot, nous dit Addison, avait compté que de son temps il y avait 2, 500 nobles ayant voix au conseil ; qu’à l’époque où il écrit, lui Addison, il n’y en a pas plus de 1.500 nonobstant l’admission de plusieurs familles nouvelles. » Il est étrange, ajoute-t-il, qu’avec cet avantage « elles ne parviennent pas à maintenir leur nombre, si l’on considère que la noblesse passe à tous les frères, et que si peu de familles ont péri dans les guerres de la république. »
Ce fut de même dans la Rome antique. — Tacite nous dit, que vers ce même temps où Claudius fit inscrire parmi les patriciens tout ce qui se trouva d’anciens sénateurs recommandables par leur naissance illustre et les mérites de leurs ancêtres, les descendances des familles que Romulus avait qualifiées « la première classe de l’État » avaient presque toutes disparu. Et mêmes celles d’une date plus récente, créées à l’époque de Jules César par la loi Cassienne, et sous Auguste par la loi Sœnienne, étaient à peu près éteintes. »
Dans des temps plus modernes, nous voyons que le fauteuil de la présidence de ce pays a eu quinze occupants ; sept sont morts sans avoir eu d’enfants ; les autres à eux tous en ont eu à peu près une vingtaine. Regardons au dehors, le même grand fait se retrouve partout. Napoléon, Wellington, les Fox, les Pitt, et d’autres personnages distingués, n’ont point, il semble que ce soit une règle, n’ont point laissé derrière eux d’enfants pour remplir le vide produit par leur mort. Quant à Chaptal, Fourcroy, Berzélius, Berthollet, Davy et les mille autres noms distingués dans les sciences, les lettres, l’art militaire, qui ont brillé sous les yeux du public depuis l’époque de Malborough et du prince Eugène, nous ne sommes point assez renseignés pour affirmer avec certitude, cependant le peu que nous pouvons savoir nous permet d’avancer que probablement leurs descendances réunies aujourd’hui ne présenteraient pas la moitié du nombre de ces illustres personnages.
Que l’activité intellectuelle, n’importe de quelle sorte, est défavorable à la reproduction, c’est ce que nous prouvent également les archives de la vie politique, militaire ou commerçante. Prenons les faits suivants cités par Malthus au sujet de la ville de Berne.
« Dans la ville de Berne, à partir de l’année 1583 jusqu’en 1654, le souverain Conseil a admis dans la bourgeoisie 487 familles, sur