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des steppes de la Russie, il n’était pas de pays en Europe où l’éducation fût plus arriérée qu’en France[1]. Encore, en 1836, il y avait des cantons entiers, comprenant quinze ou vingt communes, qui étaient tout à fait dépourvus d’écoles ; et le royaume comptait sur 23 millions d’adultes, plus de 14 millions ne sachant ni lire ni écrire. Cependant il s’est opéré depuis lors un notable désengagement. — La loi de 1833 a pourvu, non-seulement à l’instruction gratuite dans les écoles primaires, mais aussi à un système d’instruction secondaire calculé pour former la jeunesse à certaines professions et à l’agriculture savante. En 1830, les écoles primaires étaient fréquentées par un million d’enfants ; en 1850 le chiffre était de 3.784.797, — étant presque quadruplé dans le court espace de vingt ans. Dans la même période, on a développé de plus en plus l’instruction supérieure ; — on a dépensé pour cela plus de 27 millions de francs en six années.

Au Danemark, où il n’y a encore que soixante-dix ans, le paysan pouvait être fouetté et emprisonné selon le bon plaisir du seigneur, nous trouvons les écoles fréquentées par un quart de la population ; et, de plus, on trouve des bibliothèques publiques et circulantes, des musées et des journaux dans les grandes villes, des établissements d’éducation et d’autres signes de goûts intellectuels dans les petites, — tous les centres locaux d’activité industrielle fournissant des applications professionnelles de l’intelligence développée dans les écoles[2].

En Suède, le chiffre des enfants fréquentant les écoles équivaut au sixième de la population. Il est rare de rencontrer quelqu’un qui ne sache ni lire ni écrire[3].

En Belgique, en 1830, le chiffre des enfants fréquentant les écoles primaires était de 293.000. En 1840, il montait à 462.000. Il était à celui de la population un peu plus que dans le rapport de 1 à 9. Aujourd’hui le rapport est de 1 à 8.

Dans le nord de l’Allemagne, tout enfant, depuis les vingt ou trente dernières années, a reçu une bonne éducation. « Depuis qua-

  1. Dupin. Forces commerciales, vol. I, p. 52.
  2. Voyez précéd., vol. II, p. 112.
  3. Le sentiment de responsabilité respire très énergiquement dans les règlements adoptés par l’une des plus grandes fabriques de Stockolm, et que nous avons donnés. Voyez précéd., vol. II, p. 171.