Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/404

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en supposant qu’il existât de telles réunions à leur usage. Le plaisir innocent de la danse leur est inconnu ; ils ne peuvent avoir les jeux de la campagne ; ils ne peuvent lire. Aussi, pour s’amuser et s’exciter, se jettent-ils sur la satisfaction des désirs et des appétits sensuels. C’est ainsi que dans la saleté, la débauche, l’ivrognerie, l’habileté à commettre le crime, une grande partie de la population de nos villes arrive à l’âge d’homme. Si quelqu’un doute de la fidélité du tableau et veut se convaincre par lui-même, qu’il lise les rendu-comptes des tribunaux, ou qu’il visite les mauvaises rues d’une ville d’Angleterre, à l’heure où les écoles sont pires, et qu’alors il compte les enfants sur le pavé ou sur le seuil des portes, qu’il prenne note de leurs manières, de leur apparence, de leurs pratiques dégradées et dégoûtantes.

« Beaucoup de paroisses, continue-t-il, n’ont aucune école. Là où il en existe, l’instruction est le plus souvent d’un caractère misérable. Les écoles primaires font terriblement faute en Angleterre. Chaque enfant, en Allemagne et en Suisse, reste à l’école ou reçoit de l’éducation, à partir de six ans jusqu’à quatorze ans, et souvent jusqu’à seize et dix-sept ; tandis qu’en Angleterre, de ceux mêmes qui vont à l’école, il en est peu qui continuent passé neuf ou dix ans. D’après cela, comment s’étonner que nos paysans, dans leur vêtement, leurs manières, leur apparence, leurs amusements, leur langage, leur propreté, le caractère de leur logis, la condition de leurs enfants et leur intelligence soient à un degré tout à fait déplorable au-dessous du paysan de l’Allemagne, de la Hollande, et de quelques parties de la Suisse et de la France. »

Au sujet de Londres, le même écrivain nous dit : « Les recherches persévérantes de lord Ashley et d’hommes excellents qui sont en rapport avec cette admirable société, « la Mission de la Cité » ont constaté qu’au milieu de Londres il existe un nombre considérable, et qui chaque jour augmente, de gens sans aveu, formant une classe à part, qui a ses occupations, ses intérêts, ses manières, ses mœurs à elle ; et que le nombre des enfants sales, abandonnés, errants, indisciplinés, qui fourniront les dix-neuf vingtièmes de la criminalité, et qui font la désolation de la capitale, n’est pas moindre que trente mille. »

« Ces trente mille vicieux sont comptés tout à fait indépendamment du nombre d’enfants qui ne sont que pauvres, dont fourmil-