Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/54

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Le premier désir et le plus grand besoin de l’homme est de s’associer avec ses semblables. Plus se perfectionne la facilité de coopération, plus se développent les facultés individuelles et plus s’accroît le pouvoir de soumettre au service de l’homme les grandes forces dont il est partout entouré ; plus s’accroît la tendance à passer des sols pauvres à ceux de qualité supérieure, et de la simple appropriation des matériaux qui se trouvent à la surface de la terre à l’exploitation de la bouille, du fer, cuivre et autres métaux, de la chaux, de la marne et des autres trésors que recèle le sein de la terre, plus le travail obtiendra de rémunération ; moins il s’écoulera de temps entre la production et la consommation, et plus seront rapides les accumulations de la société, en même temps que s’accroîtra constamment dans ces accumulations la proportion du capital fixé au capital flottant. À chaque pas dans cette direction, le pouvoir du soldat et du trafiquant tend à diminuer, tandis que chez ceux qui vivent par le travail du corps ou de l’intelligence, s’accroît le pouvoir de décider pour qui ils travailleront et quelle sera leur rémunération ; — liberté et commerce grandissant de concert. Tel est le cours des choses, dans les pays qui prennent exemple sur la France ; c’est exactement le contraire dans ceux qui prennent exemple sur l’Angleterre.

§ 5. — La proportion du capital fixe s’élève à mesure qu’il s’opère rapprochement entre les prix des denrées premières et ceux des utilités achevées. — Elle s’abaisse avec l’écart entre ces prix.

La civilisation croît en raison de la proportion accrue du capital fixe comparé au capital flottant.

Cette proportion tend à croître en raison de la rapidité de cir-

    ces aptitudes sont ou peuvent être appliquées sous un système qui disperse toutes les mains habiles du pays, à peu près à chaque demi-douzaine d’années, annihilant ainsi un capital qui représenterait, en moins d’un an, plus que toute l’étoffe qu’on importe en un demi-siècle. « Nous avons beaucoup d’ingénieurs et de mécaniciens, et une foule d’ouvriers habiles ; mais les Américains semblent appelés à devenir une nation tout entière de telles gens. Déjà leurs fleuves sont couverts de bateaux à vapeur, leurs vallées couvertes d’usines ; leurs villes surpassent en grandeur celles des États d’Europe, excepté de la Belgique, de la Hollande et de l’Angleterre, et ont toute l’industrie qui distingue une population urbaine ; c’est à peine s’il existe un genre d’industrie en Europe qui ne soit cultivé en Amérique avec autant et même plus d’habileté qu’en Europe, où il a été cultivé et perfectionné depuis longues années. Une nation entière de Franklins, de Stephensons et de Watts en perspective, est un spectacle étonnant pour les autres nations. En contraste avec l’inertie relative et l’ignorance de la masse de la population européenne, quelle que puisse être la supériorité d’un petit nombre d’hommes éclairés et bien doués, la grande intelligence répartie chez toute la population américaine est une circonstance qui doit éveiller toute l’attention publique. »