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Page:Carmontelle - Conversations des gens du monde, tome 2.djvu/43

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la liberté ; ils peuvent se croire une espèce de supériorité sur ceux qui sont restés tranquillement chez eux à s’occuper de leurs affaires, & ils peuvent ne leur paroître que des gens dont les vues ne sauroient s’étendre au-delà de ce qu’ils connoissent.

Mad. de Saint-Arli.

Et voilà comme on apprend à n’estimer que soi & à ne croire qu’en ses lumières.

M. de Saint-Arli.

Et puis, voulez-vous que je vous dise une chose que j’ai toujours pensée ; c’est qu’il est impossible qu’il ne se mêle au goût des arts, qui guide ou qui sert de prétexte à un jeune voyageur, un désir libertin de connoître les femmes dès différens pays ; & ce ne seront sûrement pas les plus vertueuses qu’ils rechercheront.

Mad. de Saint-Arli.

Entre nous, voilà ce que je crains ; c’est un libertinage constant, qui ruine tôt ou tard un homme, garçon ou marié.

M. de Saint-Arli.

Et je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’aller bien loin pour apprendre à s’y livrer.