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Page:Carmontelle - Conversations des gens du monde, tome 2.djvu/45

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milieu de vos enfans & de vos petits-enfans ? On en jouit sans cesse en s’en voyant entourés ; ils contribuent continuellement à votre bonheur. Si vous vous en séparez, vous devenez isolés, vous ne recevez d’eux que des attentions froides, qui s’affoiblissent & s’éloignent de jour en jour.

M. de Saint-Arli.

Vous avez raison ; c’est se priver du spectacle le plus doux pour la vieillesse : mais comment s’établira-t’il ? qui peut vous en répondre ?

Mad. de Saint-Arli.

Je ne vous entends pas.

M. de Saint-Arli.

Si vous voulez que je vous parle à cœur ouvert, je craindrois que la tournure & l’exemple de votre fille ne détruisît bientôt cette simplicité de mœurs que nous comptons trouver dans la femme de Saint-Arli. Cet empire de la mode s’empareroit bientôt d’elle, & en imitant sa belle-sœur, la distance que la Comtesse voudroit mettre entre elles deux, la désespéreroit. L’union ne peut s’établir dans une famille, que par l’égalité des conditions ; sans quoi, la moitié de votre génération est malheureuse du bonheur de l’autre.