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Page:Carmontelle - Conversations des gens du monde, tome 2.djvu/69

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charmante, & elle avoit un goût !… dès l’instant qu’une mode étoit inventée, elle étoit la première à la suivre. Ah ! j’ai beaucoup perdu en la perdant !

Mad. de Saint-Arli.

C’étoit donc elle qui vous avoit mariée ?

Mad. de Perangie.

Oui, Madame. Monsieur de Perangie la voyoit souvent, parce qu’il en étoit amoureux ; elle ne l’aimoit pas elle : il s’avisa de lui faire une déclaration, elle le prit sur le haut ton ; il crut l’avoir offensée, réellement ; il lui demanda pardon, & la permission de continuer à la voir. Elle prit sur le champ un parti : comme il étoit riche, elle lui dit qu’il n’y avoit qu’un moyen de s’attacher à elle, qui étoit de m’épouser : n’osant refuser, il accepta la proposition ; & comme on avoit dit à ma tante qu’il aimoit fort la dépense, elle nous fit séparer de biens en nous mariant.

Mad. de Saint-Arli.

Et il y consentit ?

Mad. de Perangie.

Il se piquoit de générosité ; il étoit léger,