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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome I.djvu/118

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LES FEMMES.

capable du plus tendre sentiment, d’après la manière dont elle rendait ses rôles d’amoureuses. On rend toujours bien ce que l’on sent, me répondit-elle. Eh bien ! oui, repris-je ; c’est ce que je dis. Elle se leva et me laissa, à ce qu’il me parut, moins avancé que jamais vis-à-vis d’elle.

— Monsieur l’honnête homme qui ne voulez pas être un séducteur, votre conduite est pourtant fort adroite.

— Je ne saurais me rendre raison de ce qui m’a déterminé à user de cette ruse.

— Continuez.

— Le lendemain, je lui trouvai l’air moins froid ; elle me demanda même si j’avais fait part de mes sentimens à cette femme que j’admirais tant. Je lui répondis que mon admiration ne me déterminait pas toujours à aimer. Non, dit-elle d’un air distrait, je ne savais pas cela. Il faut savoir, repris-je, si le