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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome I.djvu/205

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CHAPITRE XIX.

de Soulers. Elle a perdu son mari il y a plus d’un an, et elle ne s’en console point. — Je ne l’ai rencontré nulle part. — Il était à peu près de votre taille, et plus je vous regarde et plus je trouve qu’il vous ressemblait. À l’instant madame de Soulers parut ; elle revenait de la promenade. Elle était vêtue de blanc, avec un bonnet uni à la paysanne, qui lui donnait un air de simplicité et de candeur que je n’avais encore jamais vu à aucune femme.

— Pas même à madame de Ricion ?

— C’était une toute autre chose. La blancheur du teint de madame de Soulers, des cheveux noirs, de la langueur dans la démarche, et un son de voix qui semblait n’être fait que pour exprimer le plus tendre sentiment, achevaient de la rendre infiniment intéressante. Elle me fit, avec beaucoup de grâces, toutes les politesses ordinaires et sans presque me regarder. Était-ce timidité ou indifférence, je l’ignorais ;