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Page:Carmontelle - Les Femmes, tome II.djvu/72

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LES FEMMES

pu penser qu’elle avait oublié sa beauté ; j’eus toujours l’attention, lorsqu’elle m’adressait la parole, de lui répondre en regardant ailleurs, et puis de la quitter pour aller causer avec la première personne venue.

— À merveille ! Vous pouvez compter que cette conduite vous réussira singulièrement.

— J’eus soin aussi, pendant le souper, de vanter continuellement les grâces, les agrémens, l’esprit, et surtout le naturel de beaucoup de femmes de sa connaissance, en ayant l’air de me les rappeler avec la plus grande satisfaction.

— Et pas un mot d’elle ?

— Non, pas le moindre.

— Ce comble d’impertinence devait la désespérer.

— Point du tout ; à chaque chose que je disais, elle se récriait : « Il est charmant le marquis, il voit tout en beau, et il me paraît très-aisé de lui plaire,