Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 1.djvu/184

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Et qu’il veut épouser cette infâme coquine.
Par cet hymen affreux, puisqu’il sait m’outrager,
Sans hésiter je dois & je veux me venger.
Dans ces derniers regrets d’une douleur amère,
Pardonnez-moi, Seigneur, cette juste colère ;
En m’occupant de vous, je vais voir effacer
Le trait que son amour avoit su me lancer…

Le SULTAN.

Orcanor, est-il vrai ? parlez ici sans feinte.

ORCANOR.

Seigneur, le tendre objet dont mon âme est atteinte,
Dont je suivrai toujours la trop charmante loi,
N’attendra pas long-tems pour recevoir ma foi ;
Je vous l’ose assurer, même devant Madame,
Rien n’éteindra jamais cette divine flâme.

Le SULTAN.

Vous vous jouez ainsi de ma crédulité !
Non, non, ne comptez plus, ingrats, sur ma bonté ;
J’avais tout entendu, je sais ce qui se passe ;
Dans ma juste fureur, n’attendez point de grâce.

Il tire son poignard, pour frapper Orcanor.

Vous périrez.