Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 2.djvu/301

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M. DE LA POTERNIÉRE.

Pour vous éviter la peine de le lire, je vais, si vous me le permettez, avoir l’honneur de vous dire en deux mots…

La COMTESSE.

Je sais tout, Monsieur…

M. DE LA POTERNIÉRE.

Madame, j’aurai fait dans l’instant. Il y a trente ans que je sers ; j’ai fait toute la guerre de Flandre ; & tenez, pendant le siége de Namur, je me souviens que nous avons berné Monsieur votre pere ; je tenois un coin de la couverture ; c’est moi-même qui l’ai été chercher ; il ne me l’a jamais pardonné ; ayant eu l’épaule démise en tombant, parce que je lâchai mon coin, sans le faire exprès pourtant…

Le COMMANDEUR.

Taisez-vous donc.

M. DE LA POTERNIÉRE.

Oui, j’ai eu tort, j’en conviens ; pour en revenir au siège de Namur, j’y fus blessé à cette main-ci d’un éclat de bombe ; mais je ne parle pas de cela dans mon mémoire ; mais une autre chose bien plus essentielle, que je n’y ai pas oublié, c’est que j’ai épousé une femme qui est fille d’un Major qui a été tué à Linstat ; c’est