Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 2.djvu/44

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La COMTESSE.

Ah, ma niece ! il lui disoit qu’il l’adoreroit toujours.

Mlle  DE RICHEVIERE.

Je crains en vérité que la tête ne lui ait tourné. Cela est effrayant, au moins ; & je ne vois pas pourquoi vous seriez jalouse de cette statue.

La COMTESSE.

Je vais vous l’apprendre. Avant de m’aimer, le Marquis aimoit la Marquise de Vermont ; il en étoit aimé ; mais la fortune de la Marquise étant réduite à rien, ses parens la forcerent d’épouser Vermont, qui est très-riche. Il y avoit dix ans qu’elle étoit mariée, lorsque je connus le Marquis ; il la regrettoit toujours aussi vivement ; un cœur si tendre me parut estimable ; je désirai de pouvoir le consoler, j’y parvins ; & je l’aimai comme je l’aime encore. Si cette statue étoit celle de la Marquise, si c’est cet amour qui s’est ranimé, j’en mourrai de douleur.

Mlle  DE RICHEVIERE.

Mais, où est-elle ? Cherchons. Elle regarde de tous côtés. Je ne vois rien.

La COMTESSE.

Elle ne sauroit paroître, sans savoir le se-