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Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 7.djvu/119

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ZASKIN.

Ah ! vous ne voyez pas encore tous ses charmes,
Et l’éclat de ses yeux est terni par ses larmes ;
Mais rassurez son cœur, vous verrez, à l’instant,
Tout ce que la nature a fait de plus charmant !

ULZETTE.

Si vous nous séparez, oui, ma mort est certaine,
Elle a seule le droit de briser notre chaîne,
Sans elle nul mortel ne peut nous désunir,
Et je mourrai bientôt si Zaskin peut mourir.
Zaskin fait mon bonheur, & je lui dois ma vie,
Je lui dois plus encor, de mes états ravie,
J’allois perdre l’honneur, il a su, par son bras,
M’enlevant aux tyrans, risquer tous ses états ;
Qui bientôt envahis le laissant sans fortune,
Nous a réduit à vivre ici dans la commune.

LE GRAND-SEIGNEUR.

Son sort est trop heureux ; puisqu’ainsi vous l’aimez !

ZASKIN.

Vous dites vrai, Seigneur, tous mes sens sont charmés !
Un seul de ses regards me plonge dans l’ivresse !
Chaque instant fait renaître, augmente ma tendresse ;
Non, je n’ai rien perdu, mon trône est dans ses yeux,
Avec elle par-tout, je me crois dans les cieux.

LE GRAND-SEIGNEUR.

Je le pense aisément ; mais vous conviendrez, Prince,