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Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 7.djvu/309

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Me. DE MORTILLIERE.

Mais, fi donc.

L’ABBÉ.

Mon oncle avoit un lieutenant dans sa compagnie, qui s’appelloit Pinçon, qui m’en avoit bien appris d’autres. Oh ! j’aurois été un fort bon militaire, si on ne m’avoit pas fait Abbé.

Me. DE SOUSAY.

Je le crois, au moins, Madame.

Me. DE MORTILLIERE.

Et moi aussi. Je voudrois voir l’Abbé Dorlot en dragon.

L’ABBÉ.

Je vous en donnerai le plaisir, si vous voulez, quand nous serons à Sedan. J’ai encore l’habit qu’on m’avoit fait faire.

Me. DE SOUSAY.

Je ne m’étonne pas s’il est si brave l’Abbé, il est charmant ! il n’a peur de rien en voyage ; il est tout-à-fait rassurant.

L’ABBÉ.

La bravoure est une misere ; quand on pense d’une certaine façon, l’état ne fait rien.

Me. DE MORTILLIERE.

Je ne crois pas cela ; car j’ai vu un Evêque qui avoit peur des vaches ; s’il eût été Colonel, sûrement il ne les auroit pas craint.