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Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 7.djvu/316

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qu’on doit avoir peur la nuit ; pour le jour, on voit venir, & l’on se tient sur ses gardes.

L’ABBÉ, tremblant.

Comment, sur ses gardes ?

M. DU HABLE.

Oui. Par exemple : j’ai vu Bras-de-fer venir à gauche, j’ai tenu mon pistolet sur la portiere, il s’est éloigné. Je me suis bien douté qu’il reparoîtroit à droite. En effet, il s’est présenté ; & moi, mes deux pistolets à droite & à gauche, j’ai passé la forêt tranquillement : ainsi, en faisant comme moi ; mais de jour, vous n’avez rien à craindre.

L’ABBÉ.

Mais nous n’avons point de pistolets ; je n’ai pas cru, en sortant de Paris, qu’il y avoit à craindre sur ce chemin-ci.

M. DU HABLE.

Il y a des moments où vous pourriez passer.

L’ABBÉ.

Des moments ?

M. DU HABLE.

Oui, où Bras-de-fer seroit occupé ailleurs, par exemple.

Me. DE MORTILLIERE.

Monsieur l’Abbé, je ne passerai jamais la forêt.

Me. DE SOUSAY.

Ni moi non plus, sûrement.