Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 8.djvu/150

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HENRIETTE.

Eh ! croyez-vous plutôt Madame la Baillive que moi ?

DU SILLON.

Non, non, j’ai tort, j’en conviens ; & vous avez raison de vous fâcher.

HENRIETTE.

Je ne me fâche pas, Du Sillon ; vous aimez, vous êtes jaloux, on dit que tous les hommes sont comme cela.

DU SILLON.

Non, je ne le suis pas, je vous estime trop pour le devenir jamais. Cependant ne puis-je pas craindre que Pierre le Noir veuille vous épouser, & que votre père n’y consente ?

LA BAILLIVE.

Oh, ne craignez rien, Du Sillon, je l’attends, moi, Pierre se Noir ; je voudrois qu’il s’avisât de vouloir me devenir infidele, après tout ce qu’il m’a promis du vivant du pauvre défunt.

DU SILLON.

Et que vous a-t-il donc promis ?

LA BAILLIVE.

Que si le Bailli venoit à mourir, il m’épouseroit : il est mort, il y a six mois, comme vous savez, & je n’attends que la fin de mon deuil pour le forcer de me tenir sa parole.