Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 8.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rêve toutes les nuits ; il me fait des peurs affreuses ! (Elle rit.)

LA MARQUISE.

Pour chasser ces idées-là, il faut vous remarier. Est-ce que vous ne vous ennuyez pas d’être veuve ?

LA BARONNE.

Si je m’ennuie ? je m’ennuie à la mort ; cela peut-il être autrement ? (Elle rit.)

LA MARQUISE.

L’on a beau dire ; notre existence, à nous autres femmes, est celle qu’un mari nous donne ; nous tenons de lui toute notre considération. J’ai un homme à vous proposer, qui est non-seulement un homme de mérite, mais qui est fort aimable.

LA BARONNE.

Ah le Baron étoit très aimable, & je ne retrouverai jamais un mari comme lui. (Elle rit.)

LA MARQUISE.

Mais vous ne connoissez pas le Comte de Moquart ?

LA BARONNE.

J’en ai entendu parler, & l’on m’a fait craindre horriblement de le rencontrer. (Elle rit.)

LA MARQUISE.

Pourquoi donc ? Quelle enfance !