Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 8.djvu/56

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Je m’offre à vous venger. Quand on est un héros,
Il faut toujours savoir être grand à propos.
Ce seroit un effort pour un cœur ordinaire ;
Mais vous agrandissez quiconque veut vous plaire.

SCANDÉE.

Ah ! je crains trop, Seigneur, que sous cette douceur,
Vous ne cachiez ici quelque affreuse noirceur.
Je vous le dis peut-être avec trop de franchise ;
Mais la crainte en ces lieux doit m’être un peu permise.
Si cela vous déplaît, ah ! laissez-moi partir,
Et ne me forcez pas, enfin, à vous haïr.

POIGNARDIN.

Connoissez mes projets, je deviens inflexible,
Votre amant périra, si vous n’êtes sensible.
J’ai feint que Criardus étoit redemandé,
Et que pour son départ tout étoit commandé :
A mes justes fureurs rien ne peut le soustraire,
Il sera poignardé, si vous m’êtes contraire,
Si vous ne m’accordez l’objet de tous mes vœux,
Ce cœur que je desire…

SCANDÉE.

Ce cœur que je desire…Ah ! quel projet affreux !

POIGNARDIN.

Si je suis un coquin, c’est l’effet de vos charmes,
De leur vaste pouvoir, je tiens en main tes armes