Je m’offre à vous venger. Quand on est un héros,
Il faut toujours savoir être grand à propos.
Ce seroit un effort pour un cœur ordinaire ;
Mais vous agrandissez quiconque veut vous plaire.
Ah ! je crains trop, Seigneur, que sous cette douceur,
Vous ne cachiez ici quelque affreuse noirceur.
Je vous le dis peut-être avec trop de franchise ;
Mais la crainte en ces lieux doit m’être un peu permise.
Si cela vous déplaît, ah ! laissez-moi partir,
Et ne me forcez pas, enfin, à vous haïr.
Connoissez mes projets, je deviens inflexible,
Votre amant périra, si vous n’êtes sensible.
J’ai feint que Criardus étoit redemandé,
Et que pour son départ tout étoit commandé :
A mes justes fureurs rien ne peut le soustraire,
Il sera poignardé, si vous m’êtes contraire,
Si vous ne m’accordez l’objet de tous mes vœux,
Ce cœur que je desire…
Ah ! quel projet affreux !
Si je suis un coquin, c’est l’effet de vos charmes,
De leur vaste pouvoir, je tiens en main tes armes