Aller au contenu

Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome I.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Marquis.

Oui, Madame.

La Comtesse.

Eh bien, moi, je m’occupe de recevoir un Patagon. Ne puis-je pas lui donner une fête ?

Le Marquis.

Sûrement, Madame.

La Comtesse.

Songez donc quel plaisir je vais goûter, d’avoir chez moi un homme d’une espèce si rare & que personne n’a jamais vu dans ce païs-ci ! cela vaut mieux que tous les Cabinets de Tableaux, d’Histoire Naturelle, de Médailles, de Magots, d’Antiques, & tout ce qu’il y a de plus rare & de plus précieux. Je suis dans une joie !… qui m’empêche de songer à autre chose : je l’avoue, je sens que cela doit vous piquer.

Le Marquis.

Pourquoi, Madame ?

La Comtesse.

C’est que je suis bien sûre que vous ne vous mariez que par dépit, & qu’au fond du cœur vous me regrettez.