Je veux dire, prouvez-moi que vous n’êtes pas coupable, je le desire trop pour ne pas croire tout ce que vous me direz.
Vous le desirez, vous ? Eh, peut-on jamais vous faire changer de sentiment ? Connoissez le malheur de votre caractère. Sujet à vous prévenir sur tout sans raison, ne voyant les objets que d’après vous, & toujours dans le faux ; vous contrariez, vous impatientez tous ceux qui vivent avec vous : malgré l’amitié que l’on vous a voué, on est obligé de vous éviter. On essaie inutilement de vous faire changer d’opinion, même sur les choses les plus indifférentes ; vous vous croyez vrai, & votre opiniâtreté vous rend insupportable à tout le monde.
Avec quels yeux vous me voyez !
La bonté de votre cœur, l’honnêteté de votre ame, m’avoient paru devoir faire excuser cette inflexibilité, & j’avois eu le courage de vous aimer ; mais puisque ce cruel défaut vous rend injuste, même avec moi, je vous