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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome II.djvu/272

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Le Marquis.

Je veux dire, prouvez-moi que vous n’êtes pas coupable, je le desire trop pour ne pas croire tout ce que vous me direz.

La Comtesse.

Vous le desirez, vous ? Eh, peut-on jamais vous faire changer de sentiment ? Connoissez le malheur de votre caractère. Sujet à vous prévenir sur tout sans raison, ne voyant les objets que d’après vous, & toujours dans le faux ; vous contrariez, vous impatientez tous ceux qui vivent avec vous : malgré l’amitié que l’on vous a voué, on est obligé de vous éviter. On essaie inutilement de vous faire changer d’opinion, même sur les choses les plus indifférentes ; vous vous croyez vrai, & votre opiniâtreté vous rend insupportable à tout le monde.

Le Marquis.

Avec quels yeux vous me voyez !

La Comtesse.

La bonté de votre cœur, l’honnêteté de votre ame, m’avoient paru devoir faire excuser cette inflexibilité, & j’avois eu le courage de vous aimer ; mais puisque ce cruel défaut vous rend injuste, même avec moi, je vous