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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome IV.djvu/250

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Le Chevalier.

Sûrement, vous devez avoir mille ressources.

M. de Rouvieux.

Voilà quelle est ma vie. Je m’éveille à huit heures : je parcours les Pièces de Théâtre qu’on peut jouer dans une société, rien n’est plus amusant. Quand j’ai passé une heure à cela, je m’ennuie, je descends dans mon Jardin ; je cause avec mon Jardinier, c’est tout ce que j’aime. Je vas, je viens, à la fin tout cela m’ennuie, je reviens à mon Théâtre ; c’est là tout mon bonheur. Il y a toujours à refaire à un Théâtre ; mais comme cela m’ennuie à la fin, je laisse faire le Machiniste & je rentre chez moi. J’écris des lettres circulaires à tous mes Acteurs, rien n’occupe aussi agréablement que la distribution des rôles ; mais rien n’est si ennuyeux que d’écrire des lettres. Je m’habille lentement ; car je n’aime pas à me presser ; mais cela est ennuyeux de s’habiller tous les jours ; ma foi ! pour me délasser, je demande à dîner ; je suis un peu gourmand, ainsi cela est un plaisir. Je reste une heure à dîner ; mais quand on mange seul, on s’ennuie, je me fais desservir. Ensuite je me mets à lire, parce que j’aime beaucoup