Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/130

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tours du souverain. D’un autre côté, il n’était en mesure d’ouvrir aucune perspective légitime aux chefs les plus considérables de l’opposition, ceux-ci se trouvant dès lors avoir plus à profiter de la violence que de la modération. Dans l’ordre administratif, le roi ne s’était pas refusé à certaines modifications sans caractère politique ; il avait nommé à la présidence de la Chambre M. Royer-Collard, dont la cour amnistiait le choix à cause de son royalisme éprouvé ; il n’avait pas interdit à M. de Vatimesnil, qu’il savait dévoué, de rappeler dans leurs chaires, aux applaudissements enthousiastes de leur auditeurs, MM. Guizot et Cousin ; le roi avait enfin consenti, dans l’administration préfectorale et dans le conseil d’État, à quelques changements impérieusement réclamés par l’opinion publique ; mais il n’admettait pas qu’on prétendît transformer en système des actes qui n’avaient à ses yeux que la valeur de réparations individuelles, et maintenait à titre d’article de foi que la monarchie légitime ne pouvait, dans aucun cas, ni se séparer de ses vieux amis, ni se rapprocher de ses vieux adversaires.

En suspicion à la droite, sans moyen efficace d’agir sur l’opposition, le cabinet de M. de Martignac, quoiqu’en pleine possession de la confiance publique, se voyait paralysé au Palais-Bourbon comme aux Tuileries. Le roi suivait avec une satisfaction peu dissimulée les progrès de cette décadence, qu’il attribuait au vicieux système à l’application duquel il croyait s’être prêté de la meilleure foi du monde. Sans être précisé-