à descendre à tout ce qu’il y a de plus concret dans la science et dans les faits, la justification des principaux accidents de l’histoire envisagés dans leurs résultats moraux.
Défendant, par une sorte d’intuition générale de l’avenir, les arrêts les plus divers de la fortune, estimant que tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, tant les événements s’y coordonnaient toujours avec les véritables besoins des peuples, M. Cousin plaçait au nombre de nos jours heureux jusqu’à la journée de Waterloo, parce que la victoire de la Charte, provoquée par la chute de l’Empire, avait expliqué, en la compensant, la défaite de nos armées. Au milieu de disciples frémissants d’enthousiasme sous sa parole, il dépensait la plus rare éloquence à formuler une théorie du progrès per fas et nefas, à laquelle la Prusse, alors tant admirée par l’illustre professeur, se réservait d’opposer celle du progrès symbolisé par le canon Krupp, entraînant pour conséquence la militarisation générale de l’Europe.
L’esprit de M. Cousin eut en toute chose l’instinct du grand plus que l’instinct du vrai ; toujours épris ou d’une idée ou d’une personne, il porta le roman dans la philosophie comme dans l’histoire. Mais si c’étaient là les jeux d’une noble intelligence, ces jeux, du moins, élevaient l’âme, et la société qui s’y complaisait pouvait, jusqu’au sein de ses illusions, se trouver fière d’elle-même. Quelle gerbe lumineuse que celle où venaient se confondre, aux premiers mois de 1830, dans la plénitude de leur renommée, Chateaubriand, La-