Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/167

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Un travail à peu près semblable s’opérait au sein de toute la jeunesse laïque. Lorsqu’à l’ardent labeur et aux hautaines espérances des écoles rationalistes cette jeunesse comparait l’inertie du vieux clergé gallican empêtré dans ses méthodes routinières ; quand elle le voyait associer à la défense des vérités dont il gardait le dépôt des formes scolastiques immuables depuis des siècles, en paraissant vouloir couvrir les secondes du même respect que les premières ; lorsque, dans l’ordre politique, elle surprenait ses chefs donnant tous les jours à la malveillance tous les prétextes qu’il aurait fallu s’étudier à lui ôter, elle était conduite à se demander quels devoirs provoquait, pour les générations nouvelles, cette attitude inerte et impassible en face de périls qu’on ne paraissait pas même soupçonner.

La position prise par le haut clergé, jusqu’à la chute de la restauration, suscitait les plus vives inquiétudes dans les rangs de cette jeunesse qui n’avait point suivi ses pères dans l’émigration, et dont les yeux n’avaient pas vu couler sur les mêmes échafauds le sang des confesseurs avec celui des rois. Elle voyait, d’ailleurs, s’opérer sous ses yeux, dans tous les rangs de la société, la réaction antireligieuse provoquée par de récentes expériences législatives ; elle ne pouvait méconnaître que la suppression de l’École normale sous le ministère de M. Corbière avait provoqué la suppression des écoles des jésuites prononcée sous le ministère de M. de Vatimesnil, et que les ordonnances du 16 juin 1828 venaient de faire payer aux familles