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Louis XVIII, aux difficultés que lui avait opposées la gauche après les élections de 1819, celles que lui suscitèrent les exigences de la droite à partir de 1824. Protégé par nos armes contre les révolutionnaires, Ferdinand VII s’était jeté dans les bras de la réaction absolutiste ; il avait repris son sceptre comme un instrument de vengeance, sans parvenir d’ailleurs à satisfaire les haines d’un parti qui, ne pardonnant pas à la France la sagesse de ses conseils, ne tarda pas à conspirer contre elle et à souhaiter l’éloignement de notre armée.

Malgré une dispendieuse occupation militaire qui durait depuis quatre ans, le gouvernement français n’avait pu, ni faire prévaloir à Madrid une vue sensée, ni faire accueillir une pensée de clémence. Ses agents diplomatiques s’efforçaient vainement de faire fixer le chiffre d’une dette dont le principe était authentiquement reconnu, pendant que ceux de l’Angleterre obtenaient sans effort la liquidation de créances plus anciennes et bien moins justifiées.

La situation du gouvernement espagnol, difficile vis-à-vis de la France, s’était compliquée bien plus gravement encore vis-à-vis du Portugal par le contre-coup des événements inattendus qui venaient de se passer dans ce royaume. Après la mort du vieux roi Jean VI, son fils, D. Pedro, antérieurement proclamé empereur du Brésil, abdiquant pour son compte personnel la couronne de Portugal, incompatible, d’après les lois fondamentales de ce royaume, avec l’exercice de toute souveraineté étrangère, avait cru pouvoir transmettre