Page:Carnet de guerre de Jean Marin.pdf/13

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Je ne veux pas te dire adieu mais je t’ai quitté pour toujours. Je vais mourir en pensant à tous, pensez à moi tous ceux que j’aime tant, je ne vous reverrais pas, je voudrais vous souhaiter le bonheur, mais en reste il pour une mère qui perd son fils, pour une jeune fille qui perd son fiancé. Mes yeux se fermeront en pensant à vous. Pauvre France, pauvre patrie. Je m’arrête sur mes pensées. J’ai vu le Benoit Grizard [qui] ne peut plus marcher. Que vat-il devenir ? Lui aussi laisse une femme et un enfant. Je ne veux plus rien ajouter pour aujourd’hui. Midi sonne à l’instant je ne pense pas que nous partions avant la nuit. Nous sommes logés dans l’école des filles ou trois dames de l’école nous soignent plus que si on était leurs enfants, jamais je ne les oublierais, mais j’aime mieux ne pas les voir, les pleurs me viennent aux yeux. À demain je n’écrirai plus rien aujourd’hui. Demain que serat-il ?