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Vendredi 11e Journée, 14 août 1914

Même chanson que hier, manœuvre le matin à travers les bois, j’ai cru que je tomberais en route. Je ne suis cependant pas malade, mais je n’ai point de force. J’ai vu en marchant le vieux copain Simonet du 10e, il est aussi comme moi, puis j’ai vu Eugêne Lathuiller de Varennes, je ne m’attendait pas à lui il cantonne pas loin de Fougerolles, il fait partie du 48e d’Artillerie.

La journée est aussi chaude que hier et l’abattement aussi grand.

J’ai vu en rentrant le matin Baudron, il est malade et on le renvoie à Macon, il me dit au revoir et part, pauvre vieux nous reverrons nous, ce n’est pas sur. Plus rien à ajouter pour aujourd’hui, le bruit court que la lutte doit s’engager bientôt et que nous pourrions partir dans la nuit, je ne sais pas si c’est vrai, nous ne savons n’y où nous irons, n’y comment les choses marchent, le bruit court cependant que les Français sont dépassés Mulhouse et approchent Colmar. Mais est-ce bien vrai, je n’en sais rien du tout.