Page:Carnot - Essai sur les machines en général, 1786.djvu/92

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aux dépens du temps, ou la vitesse aux dépens de la force ; ou bien, en employant deux ou plusieurs forces au lieu d'une ; ce qui donne une infinité de ressources pour produire le moment d'activité nécessaire ; mais quoi qu'on fasse, il faut toujours que ces moyens soient égaux, c'est dire que le moment d'activité consommé par les forces sollicitantes, soit égal à l'effet ou moment exercé en même temps par les forces résistantes.


LVI. Ces réflexions paraissent suffisantes pour désabuser ceux qui croient qu'avec des Machines chargées de leviers arrangés mystérieusement, on pourrait mettre un agent, si faible qu'il fût, en état de produire les plus grands effets : l'erreur vient de ce qu'on se persuade qu'il est possible d'appliquer aux Machines en mouvement, ce qui n'est vrai que pour le cas d'équilibre ; de ce qu'une petite puissance, par exemple, peut tenir en équilibre un très-grand poids, beaucoup de personnes croient qu'elle pourrait de même élever ce poids aussi vite qu'on voudrait ; or, c'est une erreur très grande, parce que, pour y réussir, il faudrait que l'agent se procurât à lui-même une vitesse au dessus de ses facultés, ou qui du moins, lui ferait perdre une partie d'autant plus grande de son effort sur la Machine, qu'il serait obligé de se mouvoir plus vite.

Dans le premier cas, l'agent n'a d'autre objet à remplir, que de faire un effort capable de contrebalancer le poids ; dans le second, il faut qu'outre cet effort, il en fasse encore un autre pour vaincre l'inertie, et du corps auquel il imprime le mouvement, et de sa propre masse ; l'effort total qui, dans le premier cas, serait employé tout entier à vaincre la pesanteur du corps, se partage donc ici en deux, dont le premier continue de faire équilibre au poids, et l'autre produit le mouvement. On ne